lundi 22 novembre 2010

Appel à contributions : La revue Ecrans cherche des contributions sur le thème "l'écran expérimental"

L’écran expérimental

PRESENTATION

La revue Écrans sera une revue portant sur le domaine audiovisuel, cinéma, télévision, vidéo, bande dessinée qui mime le mouvement grâce à la suite des vignettes. En traitant de cet ensemble justement comme un ensemble, nous insistons sur sa cohérence. Le médium a certes ses spécificités, mais la proximité des objets, les passerelles qui se créent grâce au changement de support, aux adaptations (de la série vers le cinéma, du cinéma vers le téléfilm, de la bande dessinée vers le cinéma, etc.) témoignent de la cohérence au moins pratique du domaine. Nous ne nous interdirons pas, dans cette perspective, de traiter de la

liaison avec des domaines connexes comme par exemple l’adaptation de textes littéraires dans l’un ou l’autre médium du domaine.

Sa visée interdisciplinaire constitue la seconde caractéristique d’Écrans. Dans le cadre universitaire français, plusieurs sections du CNU sont concernées par la recherche sur le cinéma et la télévision. La 18ème section, « berceau » des études cinématographiques, comme les 71ème (communication), 22ème (histoire contemporaine), 19ème (sociologie), 9ème (langue et littérature française), 11ème (langues, littératures et civilisations anglophones), 14ème (langues, littératures et civilisations romanes) sections produisent des travaux autour de films, de séries, etc. Malheureusement les chercheurs restent souvent « entre eux » : les colloques sont monodisciplinaires. Ajouter les savoirs et les points de vue ne

signifie pas, bien sûr, obliger le littéraire à travailler comme un sociologue en renonçant à ses méthodologies propres. Par contre, juxtaposant les points de vue et les regards, nous espérons d’abord « donner des idées » aux uns et aux autres. Il apparaîtra ensuite que le savoir de l’historien peut être utile à l’américaniste, et réciproquement. La compréhension des perspectives d’autrui et l’usage des savoirs qui en sont le produit sont la source de décloisonnement et d’ouverture.


Les travaux retenus dans chacun des numéros le seront bien sûr par leur qualité, mais aussi par la pluralité des angles d’approches. Le comité de rédaction multidisciplinaire (bien que lyonnais) nous semble apporter toutes garanties de ce point de vue. Le thème de chaque numéro sera choisi pour permettre cet échange que nous espérons fructueux entre les modes d’approches et les habitudes intellectuelles.

Nous avons évidemment l’ambition de suivre les directives « aeres » quant au fonctionnement de la revue : appel à communication, sélection « aveugle », évaluation des articles par des lecteurs compétents. C’est aujourd’hui la moindre des choses de « payer » de leur travail les auteurs par une publication recevable dans la comptabilité officielle.


Pour qu’une revue papier se maintienne, elle doit recevoir le soutien d’une maison sérieuse : nous avons la très grande chance que Mme Charrié et les édition Kimé aient accepté de défendre ce projet. Nous bénéficions également de l’équipe Marges, à laquelle appartiennent trois des membres du comité de rédaction. Il nous faudra ensuite le soutien des chercheurs sous forme de participation à l’écriture et aussi sous forme d’abonnements,

gage de sécurité financière pour l’éditeur. Nous espérons que la communauté scientifique, ou plutôt les différentes communautés scientifiques sollicitées nous aideront à assurer la survie d’Écrans.


Le comité de rédaction :

Martin Barnier (Univ. Lyon 2), Gilles Bonnet (Univ. Lyon 3),

Jean-Pierre Esquenazi (Univ. Lyon 3), Christophe Gelly (Univ. Clermont Ferrand),

Olivier Leplâtre (Univ. Lyon 3), Luc Vanchéri (Univ. Lyon 2)


APPEL à COMMUNICATION :


Figure privilégiée de la projection cinématographique, l’écran n’en demeure pas moins la variable intensive des pratiques contemporaines de l’image, du texte et de la scène, des réflexions théoriques sur le réel, le visible et la perception, des scénographies muséales et des techniques de communication. De surface de projection servant à couper le rayonnement lumineux au modèle opératoire des dispositifs et des réseaux d’images numériques, l’écran est devenu le noeud esthétique, technologique et économique de la communication de masse

comme de l’expérimentation artistique. A tel point que notre culture visuelle est peut-être autant celle de l’image que celle de l’écran. Ce premier numéro de la revue Ecrans entend réfléchir aux mutations qui affectent nos modes perceptifs, nos représentations visuelles, nos modèles cognitifs et nos pratiques artistiques. Nous proposons quelques pistes de recherche, qui ne sont que les indications problématiques d’un chantier en devenir.


1. Les dispositifs d’écrans qui caractérisent nombre d’oeuvres des arts visuels

contemporains ont profondément modifié la manière dont les images pensent et exposent leur contenu fictionnel ou documentaire, leur logique scénarique et leur type de sollicitation spectatorielle. Perception kaléidoscopique (Malte Hagener, 2008), écran global, total (Dick Tomasovic, 2010), installations multi-écrans et multimédia pour un spectateur décentré, encerclé, absorbé, scénographies écraniques des musées, élargissement vidéo de la scène théâtrales (Simon Hagemann, 2010), ce sont là autant d’usages et de formes qui définissent

de nouvelles perspectives esthétiques, politiques et anthropologiques de l’image et de l’art.


2. Les avant-gardes des années 20 ont très tôt entrepris de penser l’image projetée en fonction des perturbations écraniques du support. L’écran cinématographique pouvait être enduit, froissé, déchiré. Cette sollicitation physique de l’écran s’est poursuivie avec les nouveaux média et les nouvelles technologies de l’écran. Non seulement l’écran fait démonstration d’une autonomie à l’intérieur du dispositif, mais il libère des forces d’altération qui touchent aussi bien l’image que le spectateur, l’espace et le temps de l’oeuvre.

On s’intéressera en outre aux écrans excentriques, inadaptés, détournés, aux écrans à faible teneur technologique : murs, corps, ciels, plans d’eau, etc. Aux écrans qui investissent les images, qui les mettent en réseaux sur le principe de l’hypertexte et de l’hypermédia.


3. Les arts de la scène utilisent les écrans pour démultiplier les effets visuels, pour compliquer leur mise en scène de nombreuses mises en abyme, ce qui montre l’importance des relations entre écran et scène. Si les metteurs en scène actuels usent à profusion de ces dispositifs, le film est utilisé depuis les années 1890 (défilés militaires intégrés à des pièces chantées, film Méliès dans des féeries au Chatelet…) pour ouvrir la scène sur d’autres mondes. Les vingt premières années du 20ème siècle n’ont pas méconnu la valeur intermédiale

des spectacles, comme en témoignent les écrans installés sur scène de Max Linder, Max Reinhardt ou bien encore de Brecht. Aujourd’hui bien sûr ces mises en scène se mutiplient. Le spectateur peut être inclus dans cette relation : un film comme The Rocky Horror Picture Show transforme les salles américaines en scène de spectacle. Même les jeux vidéo font aujourd’hui du salon privé une scène qui se synchronise à l’écran numérique.


4. La nature du dispositif conditionne les modalités de la lecture (cf. Alberto Manguel), ce que ne peut que confirmer l’apparition de l’écran numérique. L’apparition d’une lecture-écran des textes accessibles via Internet et la diffusion croissante, même si encore embryonnaire, d’e-books, invitent donc à repenser un usage de la lecture jusque-là définie par sa linéarité. La fragmentation du texte numérisé consécutive à la recherche par mots-clés invite à situer cette évolution dans l’histoire du livre, à la comparer notamment avec le passage du rouleau au codex. L’écran comme espace poly-sémiotique détermine aussi une écriture-écran qui mêle les médias, son, texte, image (voir la revue D’ici-là, de Pierre

Ménard, sur le site d'édition numérique Publie.net, ou Béton de François Bon). La présence de ces oeuvres sur le Net comme sur les liseuses (Kindle, iPad…) invite également à une nouvelle interrogation sur leur matérialité même et sur la pertinence de la notion de pageécran (réflexions sur l’ergonomie de la page web, coexistence d’un texte central et de rubriques marginales, de liens hypertextes et de tags, configuration aléatoire de l’écran d’accueil d’un site comme Le Désordre…). Ainsi L’écran numérique semble bouleverser l’écriture, tant par la profondeur hypertextuelle qu’il permet, que par l’ouverture du chantier individuel aux interventions externes. La liquidité du texte nativement numérique peut

aboutir à une redéfinition de la notion d’auteur, par l’avènement du Read/Write Book (Marin Ducos).


5. De quelle épaisseur est fait un écran ? Dans sa présence au monde et au contact des choses, il est tout à la fois surface et profondeur. Que la projection privilégie en lui un travail de miroitement et c’est à sa qualité de support que l’on demande une réaction. Mais l’écran enveloppe aussi un lieu plein, susceptible d’accueillir une lumière, des images, de leur donner du volume, de les sculpter. Cette phénoménologie de l’écran est le reflet problématique, dialectique, des multiples rapports entre l’écran, ce qu’il recèle et qu’il anime, et la réalité qui

l’entoure et le contient. L’écran est-il simple fenêtre ouverte, transparence transitive et mimétique, miroir ? Ou bien voile-t-il le monde, en découpant, en recadrant le réel et en redistribuant ses aspects, en opacifiant alors la représentation de façon à creuser un lieuécran où se recomposent les formes et s’inventent des ailleurs ? Que masque l’écran pour mieux faire voir, jusqu’à quel point obture-t-il le réel, jusqu’où vont sa trahison et sa fidélité et comment produit-il ses effets d’étrangeté ? Il y aurait donc à mesurer dans tout écran sa

part de puissance auratique (W. Benjamin). Et cette puissance devrait encore être évaluée à la manière dont l’écran implique le spectateur (disponibilité/refus) et à la manière dont l’image de son côté réussit à déborder son cadre. Les expériences de franchissements d’écran, de traversées de niveaux (la métalepse de G. Genette, 2004), proposées par exemple par le cinéma de Sherlock Junior à La Rose pourpre du Caire en passant par Vidéodrome sont autant de retours au trouble du contact avec l’écran, à l’hésitation de son existence réelle ou fantasmatique, à la question obsédante de ce qu’il a à cacher et de ce que, érotiquement, il entrebâille et, pour nous, éclaire.


Ces thématiques sont proposées à votre attention et à votre réflexion. Nous attendons vos propositions avant le quinze janvier 2011, sous la forme d’un texte de 1500 à 2000 signes maximum avec quelques références.

Vous les envoyez à l’adresse électronique suivante :

jpierre.esquenazi@wanadoo.fr

Ces propositions seront anonymées et examinées pour cette fois par le comité de rédactions la revue. Les réponses seront signifiées dans les quinze jours et nous espérons les textes pour le 15 avril. La publication est prévue par les éditions Kimé pour le mois de septembre 2011.

1 commentaire:

voyance a dit…

Une découverte sympathique du blog, merci pour ca, je reviendrais et j'en parlerais autour de moi !